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CONTRE TERRE

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Explorer le pli des territoires

“ Si je plonge la tête dans le sol, que je creuse la terre en ligne droite jusqu’à traverser le noyau terrestre et que je ressors de l’autre côté, je vois quoi ? ”

Postulat de départ

Rapidement, nous avons pu expérimenter combien ces deux champs de pratiques disposaient de plusieurs points de convergence, à commencer par le goût de la représentation, de la sensibilité et de l’expérience du monde. Tandis que l’artiste l’aborde plutôt par le biais d’une approche subjective, plastique voire performative, le géographe le fait généralement au nom d’une objectivité scientifique, à la fois descriptive, théorique et cartographique.

Évidemment, ces catégories sont perméables l’une à l’autre; l’histoire de l’art en témoigne tout comme l’épistémologie de la géographie depuis les années 70. Désireux de prolonger ces articulations, nous soutenons le fait que les regards croisés de l’art visuel et de la géographie sont en mesure de d’interroger, voire même d’œuvrer à restaurer une certaine habitabilité de la Terre. En se gardant de céder aux alertes d’un effondrement en cours et de son administration technologique, nous sommes forcés d’admettre que le cadre rassurant de la modernité scientifique puis industrielle, est devenu pour le moins instable.
Cette Terre, que nous pensions connaître, largement explorée, traversée, mesurée, exploitée, numérisée est désormais en passe de se dérober sous nos pieds.

À rebours de cela, nous souhaiterions emprunter les chemins conduisant à habiter la Terre en créateurs, et non pas en destructeurs. Du reste, n’est-ce pas l’une des missions de l’artiste, et à sa manière du géographe, que de tenter d’ouvrir à la fois de nouveaux espaces et imaginaires géographiques. Par exemple en prenant soin de nos lieux de vie, dans leurs dimensions sociales, écologiques et symboliques. Voilà à quoi nous oblige l’avènement de l’anthropocène : un basculement depuis le paradigme de la maîtrise, celui du pouvoir sur la Terre, vers un paradigme de l’habiter, celui d’une puissance retrouvée, tournée vers les formes de vie et d’autres imaginaires.

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